Une autre sérénade
Rémi Cassaigne, guitares romantiques (instruments de collection)
Sharman Plesner, alto et violon
Jean-Christophe Frisch, flûte
Œuvres de Beethoven, Matiegka, Molino, Kreutzer
Programme d’une heure environ, destiné à des lieux proportionnés à cette musique.
La guitare est un des instruments qui ont pris leur essor au début du XIXe siècle. A l’époque, la sonorité de la guitare est encore proche d’instruments plus anciens, grâce à l’utilisation de cordes en boyau, et non en nylon. Les techniques sont encore apparentées à celles du luth, avec un rôle d’accompagnement important, mais on voit aussi apparaître des mélodies, en alternance avec les autres instruments, avec une mise en valeur adroite des sons opposés des cordes pincées et des sons tenus. La guitare était jouée souvent en petit ensemble, et la formation avec flûte et alto est la plus représentative de l’époque. Le choix de l’alto est judicieux pour l’équilibre entre les trois sonorités. La couleur particulière de l’alto, plus en demi-teinte que le violon ou le violoncelle, trouve sa juste place entre le grave de la guitare et l’aigu de la flûte.
Composer pour la guitare n’est pas facile. Il faut bien connaître l’instrument. Les grands virtuoses de l’époque, comme Giuliani, Paganini ou Matiegka ont naturellement plus de facilités à le mettre en valeur. Ces musiciens, en plus de créer des œuvres originales, ont réalisé des versions adaptées de certaines pièces d’autres auteurs. C’est le cas de Matiegka pour la sérénade de Beethoven, qui l’avait lui-même proposée dans plusieurs versions, trio à corde, ou avec piano. A l’inverse Schubert a transformé un nocturne de Matiegka pour en faire un quatuor. Il avait dû l’apprécier ! Ils étaient d’ailleurs amis à Vienne, où ils vivaient et où Matiegka participait aux fameuses schubertiades.
Jouer ce répertoire méconnu sur les instruments d’époque permet de le redécouvrir totalement. Ces musiques qui mêlent virtuosité et élégance charmante étaient fréquemment présentées sous la forme sérénade, avec une arrivée des musiciens mise en scène dans la partition, quelques pièces sous les fenêtres de la belle, et l’éloignement de la troupe qui poursuit son chemin. Pour apprécier pleinement cette formation, il conviendra de l’écouter dans une salle proportionnée.